23 octobre 2020
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Margot Louail, « Feeding strategies and associated cognitive capacities among Plio-Pleistocene hominins: toward new perspectives using the ventromedial prefrontal cortex », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.7157
L’alimentation peut exercer des pressions de sélection importantes parmi les mammifères, menant à des adaptations morphologiques, physiologiques ou comportementales. Plusieurs études ont montré que les primates mobilisent des capacités cognitives complexes pour élaborer des stratégies de fourragement, prenant en compte un contexte spatio-temporel spécifique et le rappel d’événements vécus. Ainsi, il a été suggéré que des stratégies alimentaires complexes ont influencé l’évolution de certaines capacités cognitives chez les primates, comme la prise de décision basée sur la valeur. De précédentes études montrent que le cortex préfrontal ventromédian (VMPFC) est associé à la prise de décision basée sur la valeur. Nous avons récemment étudié la relation entre cette région spécifique et l’écologie chez cinq espèces de primates actuels (Macaca mulatta, M. fuscata, Gorilla gorilla, Pan troglodytes et Homo sapiens). Nos résultats ont montré que le VMPFC est plus développé chez les espèces ayant une alimentation diversifiée. En lien avec de nombreuses études, nous suggérons que la capacité à changer de stratégies de fourragement en utilisant des informations mémorisées a pu être particulièrement favorisée chez les hominines de la fin du Pliocène et du début du Pléistocène, une période marquée par une instabilité climatique croissante. En effet, la capacité à changer de stratégies alimentaires et à consommer une plus grande variété de ressources lors de périodes de pénurie alimentaire a probablement joué un rôle important sur leur diversité et leur évolution. Cet article montre en quoi nos précédents résultats soulèvent de nouvelles perspectives qui permettraient de mieux comprendre les stratégies alimentaires et les capacités cognitives associées des hominines plio-pléistocènes. Cette approche permettrait de contribuer aux discussions sur la flexibilité comportementale de ces taxons. Enfin, les endocrânes constituant le seul matériel disponible pour étudier la neuroanatomie des fossiles, des moyens potentiels pour mesurer cette région cérébrale à partir de marqueurs externes sont discutés.