11 juillet 2017
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Alexandra Touzeau et al., « Evolution du climat et du régime alimentaire pendant l’Egypte ancienne », Quaternaire, ID : 10.4000/quaternaire.8201
La civilisation égyptienne s’est organisée et développée pendant la période prédynastique (7300 à 5000 années avant le présent c’est-à-dire 1950, ou années « BP »), parallèlement à un changement climatique important : la fin de la Période Humide Africaine. Le déclin des précipitations associé à ce changement climatique affecterait d’abord l’Éthiopie (peut-être dès 8000 BP), puis l’ensemble des régions tropicales et sub-tropicales entre 6000 et 5000 BP. Plusieurs sources documentent un pic d’aridité vers 5200 BP (Thompson et al., 2002 ; Bar-Matthews et al., 1999). Celui-ci pourrait avoir contribué au regroupement des populations sahariennes dans la vallée du Nil, et donc à l’essor de la civilisation égyptienne. Après cet événement, le climat est généralement aride mais instable, les pics d’aridité (notamment à 4000 BP) alternant avec des périodes aux conditions plus humides. Enfin, à 1500 BP, les précipitations se stabiliseraient à un niveau particulièrement bas. Par conséquent, les fluctuations climatiques auraient également pu affecter l’Égypte au cours de la période dynastique (5000 à 2000 BP). Ici, des mesures de rapports d’isotopes stables de l’oxygène (18O/16O) du phosphate d’os et d’émail de momies égyptiennes ont été réalisées afin de suivre l’évolution du climat entre 5500 et 1500 BP. Les valeurs de δ18O dans les tissus minéralisés reflètent la composition isotopique de l’eau de boisson des Égyptiens, c’est-à-dire de l’eau du Nil. Les valeurs du δ18O de l’eau du Nil ont été calculées et montrent un enrichissement en isotopes lourd à la fin de l’intervalle considéré. Ceci traduit une réduction de la quantité de précipitations et/ou une augmentation de température dans les régions des sources du fleuve, en Éthiopie et sur le Plateau des Lacs Équatoriaux. Ces résultats confirment que l’aridification s’est poursuivie pendant la période dynastique conduisant ainsi à s’interroger sur son effet sur la prospérité égyptienne.