21 juillet 2021
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Jérôme Lamy, « Ne pas craindre l’histoire », Questions de communication, ID : 10.4000/questionsdecommunication.24169
L’historicisation des catégories du monde savant que revendique Wolf Feuerhahn (2020) peut être étendue au-delà des seules discursivités. La réflexion sur les méta-concepts – ces concepts organisateurs des pratiques scientifiques – permet d’interroger l’évolution des configurations épistémiques dans le temps. La raison et l’objectivité sont deux exemples de ces points d’appuis rarement explicitement requis dans la démarche savante ; pour autant, les généalogies de leur formation renseignent sur les écarts de sens progressivement construits. De même, la matérialité somatique informe l’histoire des distances prises entre des catégories d’analyse absentes d’une époque (par exemple la domination masculine) et ses manifestations pourtant évidentes (c’est-à-dire l’invisibilisation des femmes par la valorisation du corps héroïque). La reconstitution des expériences donne à voir au xixe siècle, les transformations du geste artisanal vers la standardisation industrielle. L’article plaide pour une pragmatique des écarts, un incessant aller-retour entre le présent et le passé, qui donne à l’historicité la pleine mesure de ses potentialités analytiques.