12 septembre 2013
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Yannis Thanassekos, « Étude de la mémoire et engagement militant », Questions de communication, ID : 10.4000/questionsdecommunication.7085
Les distinctions des registres d’énonciation proposées par Nathalie Heinich sont légitimes, mais le principe de la distanciation qui en découle ne se pratique pas de la même façon dans tous les domaines. La visée qui consiste à suspendre les « jugements de valeurs » dans le travail analytico-descriptif peut être envisagée dans certains domaines, comme celui traité par Nathalie Heinich. Dans d’autres domaines en revanche, comme celui de certaines controverses historiographiques, la distinction entre « jugements de valeurs » et « jugements de faits » se heurte à des impossibilités non seulement d’ordre « subjectif » mais aussi méthodologique. Les trois postures décrites par Nathalie Heinich se « percolent » à l’intérieur même de discours concurrents. Dans la mesure où ils ne sont que des énoncés purement constatatifs, les « jugements analytico-descriptifs » ne nous donnent accès à la compréhension des phénomènes étudiés que s’ils s’insèrent dans un réseau interprétatif qui ne saurait faire l’économie des jugements normatifs. J’envisage cette situation à partir de l’étude de la mémoire des survivants des camps de concentration et d’extermination nazis, étude que j’envisage comme un travail non pas sur la mémoire mais avec la mémoire.