7 février 2024
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Monica Matei-Chesnoiu, « Memory of Earth and Ocean: Territories of Shakespeare’s Islands », Recherches anglaises et nord-américaines, ID : 10.4000/ranam.284
À partir de la définition du territoire comme « parole, concept et pratique » (Elden, The Birth of Territory 7), et de l’association que Dennis Cosgrove établit entre spatialité globale et « territorialité délimitée » (Mappings 20), cet article examine les territoires métaphoriques des îles shakespeariennes de la Méditerranée, la Mer Égée et l’Atlantique comme figures littéraires de spatialité où fusionnent savoir, activité et expérience. Comme ils impliquent l’intervention humaine, mais aussi la juridiction symbolique autorisée par le nom de Shakespeare, les territoires métaphoriques des archipels shakespeariens sont à la fois inclusifs et facteurs d’oppositions, utopiques et dystopiques, car ils ont le pouvoir de susciter des associations singulières dans l’imaginations de ceux qui écoutent leurs musiques ou contemplent leurs paysages. Loin d’être seulement des sites géologiques propices à la préservation de la mémoire de la terre et de l’océan, les territoires dramatiques des archipels shakespeariens sont des construits mythifiés qui révèlent, par le théâtre, la manière dont l’espace modifie la perception que l’on a de sa propre identité. Shakespeare met en scène les rapports complexes qui se nouent entre la réalité géographique des îles et leurs acceptions métaphoriques qui suggèrent une forme de nationalisme territorial tout en interrogeant l’intériorité de l’être. Ces archipels théâtraux (Crète, Chypre, Rhodes, Colchide, Venise, les îles Canaries) – vus depuis « l’île », symbolique du territoire anglais – opèrent comme substituts métonymiques qui permettent d’ancrer la géographie dans la représentation théâtrale. Ils donnent lieu à de multiples inversions des notions traditionnelles de territorialité et montrent comment leurs frontières sont affectées par des temporalités et des spatialités ambivalentes.