7 février 2024
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Lianne Habinek, « “Th’unaching scars which I should hide”: The Monstrous War-Machine in Coriolanus », Recherches anglaises et nord-américaines, ID : 10.4000/ranam.353
Cet article s’intéresse à la question de l’homme blessé dans la tragédie Coriolanus de William Shakespeare et dans deux adaptations récentes, le film realisé par Ralph Fiennes en 2011 (dans lequel le réalisateur tient le rôle titre) et la représentation donnée au Donmar Warehouse en 2013. Si dans la pièce de Shakespeare, Coriolan refuse d’exhiber ses blessures pour des raisons complexes, ce sont bien elles qui, d’entrée de jeu, frappent le public dans l’interprétation de Ralph Fiennes: un gros plan montre en effet le visage de Coriolan et les stigmates causés par ses blessures antérieures. Est-il possible de lire le corps de Coriolan, chez Shakespeare et à l’écran, comme agent et objet des préjudices dont lui-même et l’état sont les victimes ? Cet essai examine la manière dont les blessures corporelles et celles de l’âme construisent et déconstruisent la figure du soldat. Les cicatrices corporelles sont censées fonctionner comme legs et témoignages du passé glorieux de Coriolan, mais elle ne parviennent pas à remplir leur fonction, échec qui permet pourtant la révélation de blessures intérieures (ou psychologiques, dans le sens de ‘ce qui provient de la psyché’). Ce sont ces blessures-là qui alimentent le complot dont Coriolan est victime et conduisent finalement à la mort du héros.