19 avril 2013
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Michèle Chabanon, « Le Plan d’une Université : une ouverture à demi-mot », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.165
Dans une lettre à Grimm de 1776, Diderot recommande à ses lecteurs, et en particulier à Catherine II, d’entendre son « Plan d’une Université pour le gouvernement de Russie », à « demi-mot », comme si l’ambition et le but de ce texte de commande ne pouvaient se réduire à son objet déclaré : l’organisation de l’Université russe. C’est cette ambiguïté, renforcée par le « J’obéis donc » des premières pages du texte, que cet article analyse, en proposant une relecture de la préface du Plan. Au-delà de l’hymne à l’instruction et à la dynamique historique du savoir, que l’on a généralement retenu, l’espace théorique des « vérités » philosophiques, anthropologiques, politiques, dans lequel se développe le texte de Diderot, souligne le lien fort qui unit un système d’instruction généralisée à la législation politique qui l’organise et en assure l’efficacité. Élément constitutif d’une « science des mœurs », dont l’élaboration renvoie aux autres écrits russes, à l’Histoire des deux Indes, ou à la Réfutation d’Helvétius, l’instruction apparaît non seulement comme une condition d’accès à la civilisation, mais aussi comme un marqueur symbolique de la moralité individuelle et collective.