19 janvier 2023
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Marianne Albertan-Coppola, « La traversée de la frontière sociale dans trois fictions de Diderot », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.7260
Dans une démarche transgressive, Diderot romancier franchit les barrières sociales en s’intéressant à des individus qui ne suscitent guère d’intérêt, les pauvres. En éclairant ainsi ses objets, l’artiste aboutit à la création de personnages innovants dans Le Neveu de Rameau, Jacques le Fataliste et le Supplément au voyage de Bougainville. Aussi bien le Neveu que Le Pelletier et le bourru bienfaisant ou les Tahitiens brouillent, chacun à leur manière, les frontières sociales. Dans cette optique, les échanges, lorsqu’ils ne sont pas voués à l’échec, sont fortement perturbés. Ce sont autant de manières pour le romancier de revisiter la pauvreté, qui vont de pair dans les trois fictions avec un franchissement des limites génériques conventionnelles, l’écriture chez Diderot favorisant la pensée autant que la pensée conditionne l’écriture. Il n’est pas anodin que la plupart des mises en scène de la frontière sociale s’exécutent à travers le dialogue, terrain éminemment propice à l’exercice de la pensée critique.