11 décembre 2023
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Jay P. Telotte, « Méditations sur le « Paradoxe Pulp » : Pal, la Paramount et les pulps de SF », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.12888
Cet article revient sur ce que l’historien de la science‑fiction Bradley Schauer appelle le « paradoxe pulp », c’est‑à‑dire la réticence à produire des films de science‑fiction dont ferait preuve l’industrie du cinéma, parce qu’elle craindrait de voir ses films associés avec les « variations les moins fréquentables du genre » auxquelles on rattache souvent la littérature des pulps. Il revient sur cette notion en étudiant un partenariat établi dans les années 1950 entre le producteur George Pal, la major qu’était alors la Paramount, et le plus respecté des pulps de science‑fiction, Astounding Science Fiction. À cette période, Astounding publie une série d’articles sponsorisés par Pal et la Paramount et conçus pour aider à promouvoir un ensemble de films : Destination… Lune ! (1950), Le Choc des mondes (1951), La Guerre des mondes (1953) et La Conquête de l’espace (1955). Néanmoins, ces articles tendent à révéler une forme d’ironie dans la stratégie de l’industrie car, bien qu’ils aient d’abord cherché à souligner l’exactitude scientifique et technologique de ces films, peu à peu – tout comme les films eux‑mêmes et d’autres stratégies marketing – ils en sont plutôt venus à souligner un certain degré de « pulpitude » dans les films. Au fil de cette décennie, en mettant l’accent sur les effets spéciaux – ce que Susan Sontag tient pour une « imagination du désastre » – et sur une imagerie sensationnaliste et parfois aguichante, l’industrie du cinéma est devenue la vraie source de l’imaginaire pulp.