28 juin 2021
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Simon Bréan, « Cinéma/Science-fiction : vers un changement de paradigme critique ? », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.9398
La science-fiction est actuellement intégrée au cinéma « mainstream », catégorie tout public qui permet de monter des projets majeurs, dont l’objectif de divertissement spectaculaire n’est plus incompatible avec une certaine ambition intellectuelle et dont le potentiel de critique sociale, voire philosophique, est mis en avant comme argument commercial. Les retombées – et les manifestations – de cette validation culturelle sont multiples. Nous nous interrogerons ici sur les changements de paradigme critique qui seraient les plus pertinents pour en tenir compte. D’abord, il nous apparaît essentiel de prendre en compte le changement d’échelle, corrélé au changement de statut, du cinéma de science-fiction, depuis les années 1980. Il faudrait donc mesurer l’impact de la diffusion mondialisée des productions cinématographiques sur la conception des œuvres, en questionnant notamment l’articulation du megatext de la science-fiction à ses différents macrotextes nationaux. Ensuite, cette circulation accrue des images de la science-fiction au cinéma favorise la construction d’une compétence interprétative des spectateurs, et de ce fait permet d’envisager des stratégies narratives et visuelles plus sophistiquées, y compris dans des œuvres destinées au grand public. Enfin, cette singularisation du cinéma de science-fiction s’inscrit dans un continuum transmédiatique toujours plus complexe, qui est historiquement surtout marqué par les interactions classiques entre littérature et cinéma, mais qui est maintenant loin de s’y limiter. Prendre en compte la dynamique propre de la science-fiction, ses procédés de concrétisation de novums visuels et de mise en récit d’étrangetés pourtant si familières, c’est se donner la possibilité d’explorer certaines spécificités de l’art cinématographique, mais c’est aussi identifier ce que ce cinéma apporte, en propre, à une science-fiction moins transcendante qu’elle n’y paraît, et qui vit de ses incarnations singulières.