17 décembre 2021
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Danielle Chaperon, « « Ascénir » le space opera : de Joël Maillard à Bruno Latour », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.9649
L’hypothèse développée autour du spectacle Quitter la Terre (2017, Lausanne, Théâtre de l’Arsenic) interroge à sa manière « l’idée que la SF ne trouverait pas au théâtre son “ mode de réalisation privilégié ” » (Bionda, 2019). Ce questionnement prend sa source dans le constat que ce spectacle partage avec plusieurs autres productions récentes un motif apparemment incongru : l’atterrissage, à savoir l’action de poser un engin aérospatial sur le sol d'un astre. Ce motif est analysé en regard de l’impératif du « retour sur Terre », adressé par Bruno Latour dans sa conférence-spectacle Inside (2016, Paris, Théâtre Nanterre-Amandiers). Le verbe ascénir affiché en titre de l’article, se propose de rassembler quelques modalités de cette opération. Inscrit par Julie Sermon (2018) dans un courant d’éco-théâtre visant à décentrer l’humain, Quitter la terre (2017) ne se propose pas « de l’éliminer du plateau, de le confronter à des non-humains, ou de le replacer au sein d’une échelle spatio-temporelle qui l’excède et relativise sa place » (Lehmann, 2002). Dans un contexte artistique marqué par les débats autour de l’anthropocène, Joël Maillard s’attaque au « cosmos des modernes » en détournant certains imaginaires de la science-fiction des années 1960-1970 et, à l’instar de Bruno Latour, en faisant de la cage scénique l’enjeu symbolique d’une « guerre des mondes ».