17 décembre 2021
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Isabelle Krzywkowski, « Apocalypses ouvrières. Théâtre, SF et critique sociale dans les années 1920 », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.9809
L’article se penche sur un corpus international de pièces des années 1920-1930 qui présentent la caractéristique d’associer la thématique du travail et un récit d’anticipation. Dysfonctionnement des machines, « robotisation » des travailleurs : cette conjonction questionne le devenir d’un monde de plus en plus livré à la mécanisation. Après avoir montré que l’effet d’anticipation repose essentiellement sur les décors et l’uniformisation des personnages, l’article s’intéresse à la portée critique de ce répertoire : les menaces que le développement des techniques fait courir à l’humanité (catastrophes industrielles, perte de sens du travail) confèrent à ce théâtre un caractère dystopique à peine modulé par la perspective progressiste d’une disparition du travail qui n’est cependant pas défendue par les travailleurs. C’est donc une double apocalypse que dépeignent ces pièces : celle du monde ouvrier, liée à la généralisation des machines qui remplacent l’homme, mais aussi à la passivité des travailleurs ; et celle d’une forme de société, dans laquelle règne l’exploitation et la guerre, qui conduit, par son indifférence aux valeurs humaines, à l’extermination catastrophique de l’humanité.