Les recherches sur la ville en France : un champ cloisonné ?

Résumé Fr En

Il est courant de souligner les différences de structuration des recherches sur la ville entre la France et le monde anglo-saxon : les premières seraient marquées par la segmentation disciplinaire, les secondes par la transdisciplinarité. Sans complètement remettre en cause ce constat, cet article vise néanmoins à le nuancer. Certains travaux réalisés dans les années 1970-1980 se distinguent en effet par une approche transgressant leurs « matrices disciplinaires » d’origine. Les cas de deux géographes de Lyon (Marc Bonneville et André Vant) seront ici évoqués, sur la base d’entretiens et d’une étude des textes, qui permettent d’apporter un éclairage différent sur l’histoire de la recherche urbaine française, en insistant davantage sur l’interdisciplinarité effective (dans l’ordre des référentiels et des pratiques de recherche) que sur son morcellement du point de vue institutionnel.

When comparing French and English or American urban research, we often consider that they are opposed in the way they are organized and structured—the former being split into different disciplines, whereas the latter is more transdisciplinary. This article aims at reconsidering this statement by studying some geographers who tried to bypass their original field in different ways, during the 1970s and the 1980s. Based both on interviews and text analysis, this study focuses on two French geographers from Lyon (Marc Bonneville and André Vant), thereby providing a more balanced view of the history of urban research in France : despite the fragmentation between different disciplines dealing with urban issues, there also existed some more interdisciplinary works, whether it be in their theoretical frameworks or in the way they were produced.