Race et droit aux États-Unis : l'ombre de Nuremberg

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12 mars 2021

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Dans les rapports entre droit et race aux États-Unis, on note l’existence d’un point relativement aveugle : ces rapports sont rarement envisagés sous l’angle pénal. La possible répression pénale des crimes motivés par une idéologie raciale a été peu discutée et la législation en ce domaine est très limitée. Ce sont pourtant des juristes étatsuniens qui sont à l’origine de la définition du « crime contre l’humanité », qui inclut expressément les « persécutions pour des motifs raciaux. » Mais cette définition est plus limitée qu’on l’imagine. En réalité la nouvelle catégorie fait l’objet d’un patient travail de neutralisation de 1944 à 46 et au-delà : les experts gouvernementaux souhaitent à tout prix éviter de créer une catégorie universelle, un instrument pénal sanctionnant les persécutions raciales. Cette définition corsetée n’empêche pas les militants pour les droits civiques de s’emparer du legs de Nuremberg, à l’intérieur comme à l’extérieur des arènes judiciaires, pour combattre le racisme structurel aux États-Unis. En dépit du succès mitigé de ces initiatives et de la disjonction durable entre sphère domestique et ordre international, l’ombre de Nuremberg ne cesse de planer sur l’histoire de la lutte contre le racisme dans ce pays.

One observes a relatively blind spot in the relationship between law and race in the United States: it is rarely considered from a criminal perspective. There has been little discussion of the possible criminalization of racially motivated crimes and very little legislation in this area. The definition of "crime against humanity", which expressly includes "racially motivated persecution", was partly developed by American jurists. But this definition is more limited than one might imagine. In reality, the new category was the object of patient neutralization work from 1944 to 1946 and beyond: government experts wanted at all costs to avoid creating a universal category, a penal instrument sanctioning racial persecutions generally. This narrow definition did not prevent civil rights activists from seizing on the Nuremberg legacy, both inside and outside the judicial arena, to fight structural racism in the United States. Despite the mixed success of these initiatives and the enduring disjunction between the domestic sphere and the international order, the shadow of Nuremberg continues to loom over the history of the struggle against racism in this country.

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