15 mars 2016
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Lauren Leblond, « L’impératif de sécurité sanitaire comme justificatif d’une discrimination (L’exclusion des hommes homosexuels du don de sang) », La Revue des droits de l’homme, ID : 10.4000/revdh.2059
L’exclusion permanente et définitive des hommes homosexuels du don de sang est apparue il y a 30 ans au moment du scandale du sang contaminé. Le débat qui se pose depuis est de déterminer si cette exclusion est une mesure fondée sur des raisons scientifiques et médicales indispensables à la sécurité de la transfusion sanguine ou si c’est une discrimination injustifiée fondée sur l’orientation sexuelle du candidat au don. À ce propos, les acteurs de la lutte contre les discriminations ont depuis longtemps une position commune : celle consistant à dire que s’il n’y a pas de « droit au don du sang », il conviendrait pour autant de mettre fin à cette approche discriminante de « population à risques » pour se diriger vers une approche par « conduite à risques ». Cette question de la discrimination a été maintes fois portée devant les juges européens et nationaux, sous diverses formes, mais jusqu’à récemment, sans succès. Finalement, à la suite d’une question préjudicielle du tribunal administratif de Strasbourg, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu une décision le 29 avril 2015 dans laquelle elle rappelle simplement que la mesure n’entre pas en conflit avec le principe de non-discrimination de l’article 21 de la Charte des droits fondamentaux si cette mesure est nécessaire et proportionnée. Le juge de l’Union laisse ensuite à son homologue national le soin d’examiner si ces conditions sont réunies. Peu après, la ministre de la Santé a annoncé, le 4 novembre 2015, l’ouverture prochaine, sous des conditions rigoureuses, du don de sang, aux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Une ouverture progressive devrait permettre de récolter les données scientifiques nécessaires à délimiter précisément, ainsi que le juge de l’Union européenne nous y invite, les contours nécessaires et proportionnés des contre-indications.