Solidarité et vieillissement. Le regard d’un anthropologue

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À la différence de l’enfance ou du passage à l’âge adulte, la vieillesse n’est pas une catégorie bien balisée en anthropologie en raison des grandes différences existant selon les cultures. Pour autant Béatrice Lecestre-Rollier a permis de décentrer le regard en montrant certains des enjeux du vieillissement au-delà de nos frontières. En particulier le double défi auquel les pays du sud vont être confrontés : un vieillissement démographique sur un temps extrêmement court alors même qu’ils n’ont pas développé les systèmes de protection sociale. En effet c’est le réseau familial qui joue un rôle essentiel dans la prise en charge des aînés. Ces solidarités au sein des familles sont d’ailleurs riches et complexes. D’abord parce qu’elles prennent plusieurs formes : la solidarité peut être intergénérationnelle mais également s’exprimer au sein d’une même génération, notamment au sein de la fratrie. Ensuite parce que cette solidarité est faite de réciprocité – de don et contre-don – de sorte que la solidarité ne peut être appréhendée à un instant donné mais plutôt comme des chaînes de réciprocité. Enfin parce que la solidarité s’inscrit dans la durée : elle est le résultat de relations construites tout au long de la vie. C’est pourquoi Béatrice Lecestre-Rollier insiste sur les limites de ces formes de solidarité qui marginalisent les plus démunis, ceux précisément qui n’ont pu développer de tels liens au cours de leur existence.