1 avril 2019
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Marie-Christine Zélem, « Les effets pervers de la sobriété énergétique », Revue des sciences sociales, ID : 10.4000/revss.2001
Dans ce texte, il s'agit de montrer en quoi les injonctions de la transition énergétique se heurtent aux inerties des modes de vie et peuvent produire, des résultats inverses à ceux qui sont escomptés. Le premier exemple concerne l'incompatibilité entre la réglementation thermique (qui impose des modes constructifs de type thermos) et la réglementation sur la Qualité de l’Air Intérieur qui suppose de réunir les conditions pour un air de meilleure qualité : les besoins et croyances des habitants les conduisent à développer des solutions qui aggravent la qualité de l’air et à accroître leurs consommations d’énergie. Le deuxième exemple concerne les modes constructifs en Guyane : le confort d'été (fraîcheur par ventilation naturelle) vient en contradiction avec le confort vécu des habitants (ventiler suppose de laisser les fenêtres ouvertes et de s'exposer au bruit et à l’insécurité). Beaucoup s'enferment donc et s'équipent de climatiseurs. Le troisième exemple est celui des opérations de réduction de la précarité énergétique qui supposent de résoudre des situations dramatiques liées à des passoires thermiques (humidité et moisissures qui engendrent des problèmes de santé). Or l’intervention publique produit des situations de surconsommation énergétique. Dans les trois cas, les dispositifs sociotechniques s'imposent aux habitants et engendrent des situations non souhaitées et contre performantes au regard des enjeux d’écologisation des comportements.