14 juin 2019
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Irene Sgambaro, « Se construire à table », Revue des sciences sociales, ID : 10.4000/revss.3737
Le but du présent article est de saisir les spécificités de la relation entre l’alimentation et les religieuses au monastère orthodoxe féminin de Solan. À partir d’une enquête de terrain, j’analyserai la manière dont l’interaction entre plaisir, renonciation, discipline et contrôle de soi sépare les religieuses des autres, et les met « à part ». L’alimentation représente un domaine très important à Solan, qui fait l’objet de beaucoup d’attentions. Les religieuses pratiquent l’agriculture biologique et vendent leurs produits bio, en s’insérant, ainsi, dans un marché très diffusé hors de l’enceinte monastique, qui s’oppose aux principes d’une société consumériste. Mais la relation à la nourriture monastique trouve sa particularité dans la manière dont elle façonne et construit les religieuses, selon des manières et des objectifs spécifiques. Les restrictions alimentaires, les techniques du corps et de soi à apprendre lors des repas, la gestion des sens, l’effort ascétique configurent les contours d’une expérience alimentaire spécifique, faisant partie du travail de construction du sujet monastique.