Performances du paraître

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8 novembre 2018

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Philippe Akar et al., « Performances du paraître », Revue des sciences sociales, ID : 10.4000/revss.497


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Cette performance Transfigurationest née d’un échec, de ceux que tous les créateurs connaissent. Juin 1999 est un mois vide durant lequel rien ne se sort de mes mains. Une idée s'impose : entrer dans ma peinture comme pour l’éprouver de l’intérieur et lui donner vie. Sur ma tête devenue socle, je vais façonner d’autres entités. Inconsciemment, est aussi en moi l’idée confuse du cheval de Troie : prendre place dans la citadelle, en cartographier les moindres recoins. Avec la caméra pour témoin, je commence mon immersion : je me recouvre d’argile, j’efface mon visage et réalise par-dessus une première tête ; j’ouvre deux yeux, une bouche, j’attends. Je la fais vivre. Puis je recommence en épaississant comme en peinture, j’hésite, je trébuche et m’enfonce toujours plus profond. J’ai perdu tous repères et ne suis plus qu’un visage qui recherche sa vraie nature. Quelque temps après, désireux de saisir le glissement entre mon visage et les séries de masques qui ont été produites, je visionne le film. Je réalise alors que l’exercice m’a ouvert bien d’autres voies. Une fantasmagorie de masques apparaît, masques souvent rêvés dans ma peinture et jamais atteints. Mais l’aspect sans doute le plus fascinant est la mise en évidence du processus même de création et dé-création des masques. À l’instar d'une peinture dont on ne voit que l’image finale, alors même que, « par-derrière », s’est livrée une guerre immense, visuellement passionnante. Comment ces masques si étonnants, pourtant réalisés en aveugle et n’ayant pour seul repère que le toucher, ont-ils émergé ? L’intrication entre l’œuvre et l’artiste, ici poussée à son paroxysme, faciliterait-elle la conversion des représentations imaginaires sous la forme de masques d’argile, dans une sorte de flux et reflux ? À la différence de tous les masques, le masque d’argile est mobile, changeant, fluctuant selon les désirs du peintre. (Bien qu’ici, entre le marionnettiste et la marionnette, on ne sache plus très bien qui est acteur). Quelque chose cherche quelqu’un, sans qu'aucun des deux ne soit vraiment définissable. L’Innommable est là, que l’on traque. Dix minutes sous la terre vous font entrer dans un processus d’incorporation étrange : obscurité, silence, solitude et ressenti d’une tête qui cherche obscurément sa vraie face. Il faut explorer, creuser comme un chien fou, descendre au plus profond. Travailler en aveugle autorise l’expression de la puissance du hasard, libérée du carcan de la mimesis. Dans Transfiguration, le performeur se masque, mais, comme dans toute mascarade, l'aveuglement sert essentiellement d'outil à la révélation de sa vraie nature. Dans cette performance, le peintre-sculpteur, en dessinant et sculptant sur son corps, est aussi devenu danseur. Recouvrir son corps de terre, redevenir de l’argile, humide et mouvante, m’a fait exploiter un nouvel art du masque mu par des forces qui ne cessent de m’interroger. Olivier de Sagazan est un artiste peintre, sculpteur et performer français. Il a réalisé plus de cent performances aux États-Unis, en Chine, en Inde et en Europe. Sa performance existentielle Transfiguration a attiré l’attention de nombreux artistes avec lesquels il a collaboré. Olivier de Sagazan, peintre sculpteur performer http://olivierdesagazan.com/
 nefdesfous@free.fr

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