Confiance et méfiance : une nécessaire limitation

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16 juillet 2022

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Trust (Psychology)

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Catherine Alès, « Confiance et méfiance : une nécessaire limitation », Revue des sciences sociales, ID : 10.4000/revss.7955


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En s’inspirant des relations sociales entretenues dans une société amazonienne segmentaire, l’article explore la part de confiance basée sur des attentes rationnelles de l’intérêt des autres de partager le même engagement que soi dans un domaine concerné (Hardin) et la part de confiance basée sur des raisons morales, émotionnelles et culturelles (Baier). On peut décrire la société yanomami comme un système basé sur l’administration réitérée de la preuve de la possibilité d’être en confiance envers ses proches et amis, ses corésidents, proches voisins, et ses alliés plus lointains. Dans les relations pacifiques quotidiennes, les personnes de confiance sont définies comme étant celles sur lesquelles on peut compter, c’est-à-dire, capables de produire et garantir apport d’aliments et de biens, prodiguer aide et sollicitude en cas d’épreuve sanitaire et émotionnelle, et assurer solidarité et réciprocité dans la vie rituelle et les opérations de défense et de justice. En regard des conflits et de l’agression (réelle comme supposée), la fiabilité découle dans la capacité des personnes à se ranger et à se battre à vos côtés. Au quotidien, la construction de la confiance repose sur l’établissement d’une « zone de confiance minimale » afin que les individus d’un groupe local puissent compter, non sur le fait que les autres personnes sont de facto régulièrement côtoyées (et donc habituellement fiables), mais sur un véritable engagement de non-agression entre les habitants d’une zone donnée. Les Yanomami ont une parfaite conscience qu’il y a un risque. Il y a donc toujours une part de risque que l’on accepte de prendre envers les gens de confiance, et il n’y aurait pas de relations sociales possibles sans cette part de risque consentie. C’est en ce sens qu’il s’agit d’un système de confiance limité mais soigneusement construit et non pas basé sur une confiance qui serait involontaire ou informelle, « avec divers degrés de conscience de soi, de volontarisme ou expression » (Baier), ou sans être conscient de la raison pour laquelle on doit faire confiance (Bloch).

Taking its cue from social relations in an egalitarian Amazonian society, the article explores the role of trust based on the rational expectation that others share the same commitment towards oneself in a given domain (Hardin), and the role of trust that is based on moral, emotional and cultural causes (Baier). Yanomami society can be described as a system based on the repeated administration of the proof of the possibility to trust relatives and friends, co-residents, close neighbors, and more distant allies. In daily peaceful relations, trusted people are defined as those who can be relied upon, that is, capable of producing and guaranteeing the provision of food, goods, help and solicitude, and of providing solidarity and reciprocity in ceremonial life and in the meting out of defense and justice. In the face of conflict and real or perceived aggression, trustworthiness lies in the ability of people to stand and fight alongside one another. On a day-to-day basis, trust-building relies on establishing a “minimal zone of trust” so that individuals in a local group can rely on a genuine commitment to non-aggression among those who inhabit a given area, rather than on the fact that other people are de facto around at regular intervals (and therefore normally trustworthy). The Yanomami are perfectly aware that this implies a risk. There is, therefore, always a risk sharing which one accepts to take towards trusted others, and without this agreed sharing of risk no social relations would be possible. In this sense, there is a limited but carefully constructed system of trust, which is not one based on a trust that would be involuntary or informal, “with varying degrees of self-consciousness, voluntarism or expression” (Baier), or without being aware of why one should trust (Bloch).

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