Le virus en territoire, entre perceptions et mesures

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11 mars 2021

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Sandra Pérez et al., « Le virus en territoire, entre perceptions et mesures », Revue francophone sur la santé et les territoires, ID : 10.4000/rfst.875


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Résumé 0

La gestion de la crise sanitaire consécutive à la pandémie de la Covid-19 a mis en exergue la discordance entre un Etat centralisateur, en charge de la prévention de sa population, qui en situation sanitaire d’urgence applique des mesures uniformes sur l’ensemble du pays, et la population dont le vécu quotidien dans son territoire ne lui renvoie pas forcément la même lecture de l’évènement et des logiques d’action. Il nous parait intéressant de réfléchir au décalage qui peut exister entre une connaissance objective des phénomènes pouvant impacter la santé, telle qu’elle peut être mesurée par des scientifiques, ou des experts, sur un espace donné, et leurs représentations par les habitants, au sein de leur espace de vie en situation de pandémie virale. Que se passe-t-il, en fait à la rencontre du top down et du bottom up ? Comment s’articulent mesures de l’espace, principe de précaution, mesures de prévention, décisions politiques et perceptions de la population. Ces perceptions sont généralement fondées sur des représentations profanes de la maladie, de son étiologie, et sont issues de leur vécu quotidien dans un espace territorial donné, alors que la mesure des experts qui s’appuie sur des données quantifiées rend compte d’une dimension pouvant être considérée comme plus éloignée des préoccupations des populations, plus distante, plus froide. Cela est parfois renforcé par la méconnaissance de la part de la population des méthodes employées par les scientifiques. Cette différence entre mesure et perception d’une même situation peut générer entre les deux des sentiments d’incompréhension, d’inhumanité, surtout lorsque les discours scientifique ou politique se veulent plus objectifs et deviennent plus alarmistes que celui « attendu » ou perçu par les populations. De plus, alors que les organismes et institutions publiques ont en charge le collectif, la population répond souvent par des stratégies individuelles. Se pose alors pour le décideur la question de la diversité des comportements, alors qu’il est à la recherche d’invariants, d’éléments suffisamment reproductibles qui seraient applicables en tous points du territoire. Nous illustrerons cette approche à partir d’un exemple qui nous semble emblématique et qui concerne les mesures adoptées en matière de gestion du corps des personnes décédées pendant l’épidémie. Par rapport au risque potentiel de transmission du virus nous mettrons en évidence les différences entre l’avis des scientifiques et des experts de limiter les interactions tout en conservant les dimensions humanistes des enterrements (avis du HCSP), la décision politique d’une mise en bière immédiate (arrêté du 2 avril 2020), et l’incompréhension des familles de ne pouvoir se déplacer et pratiquer les rites funéraires habituels. Nous discuterons donc de l’application des décisions prises entre mesures et perceptions du risque, entre mesures nationales et perceptions locales. Nous montrerons comment tout un ensemble de décisions prises au niveau strictement national a conduit à des processus identitaires exacerbés entre certaines régions et la capitale s’appuyant sur une opposition plutôt qu’une complémentarité entre mesures et perceptions.

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