22 janvier 2024
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Cécile Vaissié, « Ernest Hemingway et l’URSS : entre fascinations réciproques et instrumentalisation ratée », Revue d'histoire culturelle, ID : 10.4000/rhc.7134
Ernest Hemingway (1899-1961) est l’un des auteurs occidentaux ayant le plus marqué certaines catégories de Soviétiques, voire de post-Soviétiques, même s’il ne s’est jamais rendu en URSS. Les étapes et raisons de cette influence méritent d’être analysées, d’autant que celle-ci n’est pas que littéraire : elle implique aussi un style de vie, un rapport au monde, voire une certaine apparence physique. Elle a connu deux phases : la plus connue, qui démarre après la mort de Staline, et celle amorcée en 1934. La guerre d’Espagne qui se situe entre ces deux phases est donc une étape essentielle dans l’histoire des rapports entre Hemingway et l’URSS – ses lecteurs et ses écrivains, mais aussi ses services secrets et ses dirigeants. En effet, c’est juste avant, pendant et juste après cette guerre que les tentatives soviétiques pour instrumentaliser l’écrivain ont été les plus fortes. Le NKVD a considéré avoir recruté Hemingway, mais celui-ci n’a pas justifié ses espoirs, et Pour qui sonne le glas, son roman sur la guerre d’Espagne, n’a pas plu aux autorités soviétiques. Cela explique, en partie, à la fois les difficultés que la publication de ce roman a connues en URSS, les enjeux qui se sont noués autour de cette parution, et l’impact que ce texte y a eu. Il devient alors plus facile de distinguer ce que l’écrivain américain représentait, en URSS, pour la société et pour les dirigeants, et d’analyser l’écart si révélateur entre ces perceptions.