4 décembre 2018
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Emanuel Bertrand et al., « Contextualiser : une pratique transdisciplinaire ? », Revue d’histoire des sciences humaines, ID : 10.4000/rhsh.484
La mise en « contexte » est souvent tenue pour une pratique commune aux sciences humaines et sociales. Prendre acte de l’inscription des faits étudiés dans un temps et dans un lieu circonstanciés apparaît incontournable pour des sciences censées rendre compte de la singularité de leurs objets. Mais cette référence au contexte est-elle vraiment fédératrice ? Revenant sur l’émergence, la dissémination mais aussi le rejet du terme « contexte » et des pratiques qui lui furent associées dans diverses disciplines, le présent volume fait apparaître un paysage plus complexe qu’attendu. Le « contexte » révèle des tensions existant entre les différentes sciences humaines et sociales comme au sein de chacune d’elles. Des défenseurs de l’autonomie du texte (juridique, philosophique…) y voient une pratique relativiste. D’autres dénoncent, au contraire, un usage paresseux qui en ferait un simple décor. Certains spécialistes de l’histoire environnementale préfèrent la notion d’Anthropocène afin de mettre en relief l’empreinte humaine sur la terre à une échelle moins locale. Par-delà leur variété, les études de cas proposées ici montrent que l’historien des sciences ne peut objectiver les pratiques de mise en « contexte » sans s’interroger sur les siennes propres. 'Contextualisation' is often thought to be a practice shared by both the humanities and the social sciences. The specific time and place of the facts studied seems vital for sciences supposed to account for the singularity of their objects. But is this reference to context really unifying? Looking back at the emergence, circulation and rejection of the term 'context', and the practices associated with it in various disciplines, this volume reveals a more complex landscape than expected. 'Context' lays bare tensions between and within the various humanities and social sciences. Advocates of the autonomy of the (legal, philosophical, etc.) text see it as a relativistic practice. Others, on the contrary, criticise its lazy misuse, when it becomes a simple decorative background. Some specialists in environmental history prefer the notion of the Anthropocene in order to highlight the human footprint on the planet on a less local scale. The varied case studies included here demonstrate that the historian of science cannot objectify the practices of 'contextualisation' without questioning his or her own.