24 novembre 2023
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Kamel Chachoua, « Excellence scientifique transnationale et disqualification des sciences humaines et sociales nationales en Algérie », Revue d’histoire des sciences humaines, ID : 10.4000/rhsh.8893
Cet article se propose de montrer comment l’opposition linguistique et politique entre arabophones et francophones qui avait dominé le champ universitaire algérien des années 1970-1990 s’est transformée, durant la « décennie noire » (1990-2000), en distinction entre celles et ceux qui ont un capital scientifique transnational, qui travaillent et publient à l’étranger, et celles et ceux qui ont un capital scientifique national, souvent monolingues, publiant peu et fraîchement diplômés et recrutés en Algérie. En effet, l’affrontement entre les militaires et les groupes islamiques armés a substitué à l’ancienne division linguistique une nouvelle bipolarité qui ne hiérarchise plus, comme par le passé, selon la langue de formation ou le grade, ni même selon la spécialité ou le capital scientifique national, mais surtout selon la production et la reconnaissance scientifiques des universitaires algériens à l’étranger. Ce prestige de la transnationalité s’est amplifié (depuis 2000) avec l’expansion universitaire et l’exigence d’une publication scientifique dans une revue internationale pour la soutenance de la thèse de doctorat ou le passage d’un grade à un autre. Cette exigence, qui a contraint nombre d’enseignants-chercheurs arabisants à recourir aux revues étrangères ou de langue française pour se faire publier, a engendré de nombreux problèmes, exposés dans l’article.