15 novembre 2023
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2240-7456
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gianni Iotti, « Sophie et Julie : Une formation impossible ? », Revue italienne d’études françaises, ID : 10.4000/rief.10583
L’article établit un parallèle entre les deux « récits de formation » que l’on peut trouver, respectivement, dans l’Émile et dans La Nouvelle Héloïse. Dans le traité pédagogique, Sophie est présentée au lecteur comme un personnage pourvu a priori des caractéristiques sociales et psychologiques que l’auteur a jugées fonctionnelles à la rencontre avec Émile, et l’histoire se termine par la description du bonheur conjugal des deux jeunes gens. En revanche, dans le roman, Julie accomplit un parcours douloureux de sublimation amoureuse et de renonciation qui, par-delà le programme idéologique affiché de l’œuvre, culmine dans la mort de la protagoniste et dans la désolation de tous les autres personnages. À partir de là on constate que, pour ce qui est du thème de la formation, le discours romanesque élabore une vision des choses bien autrement complexe que celle qui est développée par le discours pédagogique : la mort finale de Julie dément la possibilité du parcours de formation d’une femme qui a renoncé à l’amour-passion pour le sublimer en amour familial et social, d’après la thèse de l’Émile. Ce que Rousseau soutient en tant que philosophe, il le désavoue en tant que romancier.