20 juillet 2022
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0035-2217
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2259-0285
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Ueli Zahnd, « Martin Bucer’s First Theological Program and the Late Medieval Concept of “States of Perfection” », Revue des sciences religieuses, ID : 10.4000/rsr.11970
Le Das ym selbs de 1523, l’un des premiers écrits de Martin Bucer, a toujours suscité l’intérêt de la recherche, qui s'est notamment interrogée à son sujet sur les premières influences théologiques du réformateur strasbourgeois. Outre l'empreinte évidente de Luther, des parallèles structurels avec la Summa theologiae de Thomas d'Aquin ont été signalés à plusieurs reprises, bien qu'ils restent relativement lointains. Ce qui est passé inaperçu, en revanche, c'est que Bucer lui-même situe explicitement son ouvrage dans un genre littéraire du Moyen Âge tardif, à savoir celui des traités De statu perfectionis, dans lesquels était discutée la question de l'état dans lequel le plus grand degré de perfection peut être atteint dans ce monde. Cet article se propose donc de comparer l'ouvrage de Bucer avec trois traités médiévaux issus de cette tradition, rédigés par Thomas d'Aquin, Jean Gerson et Heinrich Arnoldi. Ce faisant, on montrera que Bucer n'est pas seulement profondément influencé par cette tradition littéraire, mais qu'il entend lui-même l'infléchir en un sens décisif par l'apport de la théologie de la Réforme : pour Bucer, seule la doctrine réformatrice du sola gratia est en mesure de libérer l’aspiration à la perfection humaine des intérêts d’une économie du salut et donc d’aider à atteindre, sur la base d’un amour du prochain réellement désintéressé, un état de perfection véritable.