4 décembre 2019
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Prisca Kergoat, « De l’indocilité au travail d’une fraction des jeunesses populaires. Les apprentis et la culture ouvrière », Sociologie du travail, ID : 10.4000/sdt.25314
Une recherche portant sur les apprentis dans deux grandes entreprises publiques conduit à relativiser les thèses dominantes argumentant le rejet de l’héritage ouvrier et la disparition des formes de résistance parmi les jeunesses populaires. Au contraire, l’attention accordée aux contextes d’apprentissage permet de mettre en lumière la façon dont les apprentis s’affrontent, en pratiques, aux contraintes propres aux situations de travail dans lesquelles ils sont plongés. L’apprentissage est une position incertaine, aléatoire et insécurisante, qui ne favorise pas l’identification aux collectifs de salariés et ne facilite pas l’acquisition d’une conscience de classe. En ce sens l’apprentissage s’apparente à un processus d’insertion plutôt que d’intégration professionnelle. Toutefois l’ensemble des apprentis réinvente des pratiques de résistance, traditionnelles et/ou nouvelles, qui leur permettent de contourner voire d’infléchir les contraintes par le biais de pratiques d’oppositions, de dérobades ou de faire-semblant. Finalement, ce que montre le cas des apprentis, c’est que l’entrée au travail, le plaisir et/ou le désenchantement qui en résultent peuvent s’effectuer sur d’autres modes que celui de la désaffection à l’égard du travail ouvrier, de la soumission, de l’individualisme et de la fascination et/ ou de l’identification aux classes moyennes.