5 août 2020
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David Martin, « Dispositifs de défiance et fluidité des échanges sur les marchés financiers de gré à gré », Sociologie du travail, ID : 10.4000/sdt.32741
Sur les marchés financiers de produits dérivés s’échangeant de gré à gré, des milliers de transactions sont négociées par des individus mandatés sur la place parisienne. La relative fluidité et la rapidité manifeste avec lesquelles deux individus réalisent une transaction financière portant sur des montants qui atteignent souvent plusieurs millions d’euros méritent selon nous une explicitation de leurs conditions de possibilité. En effet, l’incertitude qui entoure déjà dans un grand nombre de cas le produit lui-même se double d’un risque interpersonnel pour les opérateurs. Comment sont assurées la passation et la bonne fin de contrats formulés oralement par micros interposés, de manière formellement incomplète ? Quelles sont les conditions sociales et techniques de possibilité d’une telle activité ? Cet article insiste sur les dispositifs extérieurs aux opérateurs qui permettent de conjurer le spectre de l’échec des « promesses réciproques problématiques ». Différentes figures de l’organisation professionnelle de l’activité d’intermédiation financière de marchés, appuyées sur tout un appareillage technique, viennent encadrer ces transactions et rendre les échanges fluides, sans pour autant résoudre le faisceau d’incertitudes qui les entoure. Nous montrons que les risques et les incertitudes sont configurés par des dispositifs qui visent à s’en prémunir et que, partant, tout dispositif de confiance est nécessairement un dispositif de défiance.