10 septembre 2021
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Beatrice Zani, « Pattes de poulet, colis cachés, entrepreneuses connectées. Migration et entrepreneuriat digital entre Chine et Taïwan », Sociologie du travail, ID : 10.4000/sdt.39634
À l’ère du numérique, les pratiques entrepreneuriales et économiques des migrants investissent des espaces nouveaux : ceux du numérique. À partir du cas d’étude des mobilités des prolétaires migrantes de la Chine à Taïwan, cet article montre un nouveau lien entre migration, entrepreneuriat et plateformes digitales. En Chine, puis à Taïwan, les jeunes ouvrières migrantes chinoises font face à des situations de mise à distance sociale et familiale, ainsi que d’exploitation au travail et d’exclusion du marché de l’emploi. Pour y répondre, elles trouvent refuge dans les mondes digitaux. Elles s’approprient des espaces numériques dans la mise en place de pratiques d’entraide, qui mènent au développement d’entrepreneuriat digital et d’e-commerce. En quête d’un revenu stable, d’un emploi et d’autonomie économique, à travers l’application en ligne WeChat, elles mobilisent des réseaux sociaux transnationaux et dessinent des circuits économiques peu visibles où des marchandises faiblement légitimes et « contestées » sont commercialisées. Le dispositif numérique favorise l’invisibilité des transactions marchandes, l’évasion fiscale et le contournement des restrictions douanières. La cartographie des économies digitales montre une juxtaposition entre biographies migratoires et géographies commerciales, connectant les spatialités et les temporalités des migrations.