24 avril 2024
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Christelle Taraud, « Genre, sexualité et colonisation. La colonisation française au Maghreb », Sextant, ID : 10.4000/sextant.3935
Coloniser a toujours été perçu comme un acte essentiellement masculin. C’est sans doute pour cette raison que l’histoire de la colonisation (et de la décolonisation) n’a fait que peu de place aux femmes. Au point que l’on peut à juste titre se demander aujourd’hui si la colonisation française a bien eu, à un moment de son histoire, un genre ? Si coloniser − c’est-à-dire conquérir par la force − est un acte violent dont les femmes semblent de facto exclues, il n’en va pas de même du processus de pérennisation de la colonisation et de l’injonction à la maternité qu’il sous-tend pour les femmes françaises. Or, les Françaises sont peu nombreuses au début de l’Algérie coloniale. La question de l’émigration féminine devient alors d’autant plus préoccupante que le sex ratio reste au désavantage des Français (mais aussi des Européens) et empêche leur repliement sexuel et conjugal sur leur communauté d’origine. Dans un contexte colonial lâche, celui des années 1830-1870, leur place paradoxale – les femmes a grande fertilité, par exemple les Espagnoles et les Maltaises – appartiennent évidemment à la minorité hégémonique blanche mais sont, en même temps, du fait de leur sexe et de la hiérarchie coloniale, dominées par les hommes, a fortiori quand ceux-ci sont Français − pose donc des problèmes concrets et spécifiques à l’administration coloniale française et au gouvernement en métropole qui cherche à construire une nouvelle France en Algérie.