Dionysisme et démonisme : l’excès dans Macbeth

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10 février 2008

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Sélima Lejri, « Dionysisme et démonisme : l’excès dans Macbeth », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.1066


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Par delà la lecture judéo-chrétienne où le Mal s’offre comme motif de l’excès, et plus loin que la filiation sénéquéenne de la cruauté, Macbeth semble reprendre le modèle païen grec du ménadisme ou encore du dionysisme, forme extrême de frénésie collective en l’honneur du dieu grec Dionysos. Pour l’Angleterre aux prises avec un mal politique prolifique dont le Complot des Poudres de novembre 1605, la paranoïa qui mine l’État d’Écosse dans la tragédie de Shakespeare est un sentiment bien familier. La fureur homicide qui mène le roi usurpateur du pouvoir à sa déchéance est un tragique par excès vécu sous des auspices assez proches de la fièvre dionysiaque qui ébranle aussi bien la capitale civique Apollinienne, dans l’histoire de la Grèce ancienne, que la Thèbes de Cadmos dans la tragédie d’Euripide, à savoir Les Bacchantes. L’irrépressible phénomène du dionysisme se matérialise dans la représentation mythique du sparagmos, rituel symbolique qui dit la déchirure mentale et psycho-somatique de la victime de Dionysos. Étape incontournable de l’extase ménadique, le dépècement à mains nues de la bête sacrificielle s’érige comme icône trans-culturel de l’essence tragique (donc par delà son contexte proprement grec) et comme force psychopathologique de destruction qui permettent de relier le théâtre shakespearien, en l’occurrence Macbeth, à l’origine intrinsèquement dionysiaque du théâtre.

Beyond the Judeo-Christian reading according to which Evil figures as the motif of excess, and further back than the Senecan filiation of cruelty, Macbeth seems to revive the pagan motif of maenadism or again dionysianism, an extreme form of collective frenzy in honour of the Greek god Dionysos. Seen from England, which was then grappling with overwhelming political evils culminating in the Gunpowder Plot of November the 5th 1605, the paranoia that undermines the Scottish state in the Shakespearian tragedy appeared quite familiar. The homicidal fury that leads the usurping king to his downfall is a tragic experience in a manner quite reminiscent of the Dionysian frenzy which convulses not only the Apollonian civic capital in the history of ancient Greece, but also the Thebes of Cadmos in the tragedy of Euripides, namely The Bacchae. The irrepressible phenomenon of dionysianism operates in the mythical representation of the sparagmos, a symbolic ritual that depicts the mental and psycho-somatic mutilation of the Dionysian victim. Being an inevitable stage of maenadic trance, the bare-arm dismembering of the sacrificial animal emerges as a trans-cultural icon of the soul of tragedy (reaching therefore beyond its properly Greek context) and as a psychopathological drive that help trace Shakespearian drama, namely Macbeth, to the intrinsically Dionysian origin of drama.

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