15 février 2011
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Gérald Garutti, « Au cœur de Coriolan : la démocratie en questions », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.1613
Comment vivre ensemble malgré les différences et les différends ? La démocratie est-elle le pire des régimes à l’exception de tous les autres ? N’avons-nous le choix qu’entre la démagogie des tribuns et la tyrannie des hommes forts ? Faut-il préférer la sécurité à la liberté, et l’ordre à la justice ? Autant de problèmes abordés par Shakespeare dans Coriolan. Rome y oscille entre trois régimes décadents : une démocratie rêvée qui vire à la démagogie, une aristocratie effective mâtinée d’oligarchie militaire, une pente tyrannique qui rappelle la monarchie exécrée. Dans sa démesure élitiste et son refus de jouer la comédie du pouvoir démocratique, le héros s’avère incapable de convertir son triomphe militaire en suprématie politique – ignorant que la politique est la continuation de la guerre par d’autres moyens. Ainsi cette tragédie brasse-t-elle des enjeux d’une déchirante actualité pour nos démocraties en souffrance : guerre civile latente, lutte des classes exacerbée, crise perpétuelle, instabilité permanente, bestiaire fratricide, dissension infinie, impossible concorde civile, corruption fatale, salut par l’impérialisme, expulsion du héros, bureaucratie désenchantée, et règne ultime de la représentation.