6 mars 2018
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2271-6424
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Christy Desmet, « “The dread of something after death”: Hamlet and the Emotional Afterlife of Shakespearean Revenants », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.4018
Le corpus shakespearien contient cinquante occurrences du mot « dread » (terreur). Mon analyse suggère qu’une atmosphère de terreur est associée à des genres spécifiques (les pièces romaines, les pièces historiques anglaises), à des sujets spécifiques (la politique et l’histoire), et à des œuvres spécifiques (Le Viol de Lucrèce et Hamlet). Dans quelques cas, et en particulier Lucrèce, la terreur s’accompagne aussi d’une conscience aiguë de la vie après la mort sous l’aspect de l’histoire et de la réputation. La terreur du jugement de Dieu est un thème commun dans les emplois du mot « dread » avant 1600, d’après les relevés du dictionnaire Oxford English Dictionary. Dans Hamlet, toutefois, émerge une connotation plus moderne du terme : un malaise qui perdure après la mort. Le fantôme démodé est sûr que sa condition matérielle post-mortem pourrait faire se dresser les cheveux de Hamlet ; il a un sens de la terreur typique de la Renaissance, et qui passe par le corps. Mais c’est une autre terreur qui arrête la main de Hamlet. J’étudie Hamlet et le fantôme de son père dans le contexte d’autres revenants de la première modernité qui revivent en émotion leur passé. Ces revenants appartiennent au genre de la complainte féminine, tradition populaire dans les années 1590 qui informe Le Viol de Lucrèce. La terreur que ressentent Lucrèce et Hamlet provient de leur anticipation de leur réputation historique, mais aussi de leur perception du conflit entre le personnage historique et la réalité vécue qui hante les protagonistes historiques dans l’autre vie.