14 avril 2019
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Barbara Muller, « Briser les chaînes de la métaphore : romances shakespeariennes et métaphores ravivées », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.4477
S’inspirant d’Aristote, de Quintilien et de Cicéron, les rhétoriciens anglais du XVIe siècle prescrivent le bon usage des figures et éreintent les métaphores inconvenantes ou trop audacieuses. Dans les romances (Pericles, Cymbeline, The Winter’s Tale et The Tempest), Shakespeare se plaît à contrevenir à ces prescriptions qui brident l’inventivité du poète : l’une des stratégies les plus subtiles que développe le dramaturge pour s’affranchir de ces figures imposées est le déploiement de métaphores ravivées, qui consistent à réveiller des métaphores mortes pour y redonner une charge imagée voire y déployer un sens neuf. En d’autres termes, ces figures ingénieuses brisent les chaînes des métaphores mortes qui, à force d’usage, emprisonnent en elles des sens cachés. Dans les romances, les métaphores ravivées ont également ce pouvoir de libérer un potentiel comique, y compris au sein de scènes tragiques. D’ailleurs, l’objectif est de souligner l’impact qu’ont ces figures sur l’hybridité générique des pièces tardives. Par l’emploi astucieux de ces figures, Shakespeare s’affranchit des règles de pureté générique formulées par les néo-aristotéliciens sur le continent. Dès lors, une double libération voit le jour : en brisant les chaînes de la métaphore, qui n’est plus assujettie aux prescriptions rhétoriques, le dramaturge affranchit aussi ses pièces des carcans génériques.