A Sport for Gentle Bloods

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4 juillet 2020

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Bruce Boehrer, « A Sport for Gentle Bloods », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.5372


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Le présent article envisage à nouveaux frais les liens entre le traité sur la chasse de George Gascoigne, The Noble Arte of Venerie (1575) et Comme il vous plaira (1598) de Shakespeare. Contrairement à l’idée selon laquelle ces œuvres préfigurent la sensibilité moderne aux droits des animaux, il s’agit de les comprendre à l’aune de relation inter-espèces plus anciennes et moins souples. Cette perspective plus datée, conformément à la doctrine du péché originel, voit l’humanité déchue naturellement encline à la prédation et au conflit et inapte par constitution aux pratiques pacifiques. Aussi les sentiments anti-cynégétiques attribués au Duc aîné dans Comme il vous plaira invoquent-ils un idéal d’harmonie édénique semblable aux mises en scène des divertissements royaux composés par Gascoigne et d’autres pour la reine Élisabeth (dont il a été démontré qu’ils représentaient une source majeure de la langue de la comédie shakespearienne). À l’inverse, Jaques assimile les mêmes sentiments anti-cynégétiques au registre de la satire, marquant ainsi leur éloignement de la réalité. Dans la pièce, l’ensemble des réponses opposées au réel (l’utopie et la satire, l’idéalisation et l’accusation) trouvent à s’exprimer dans le double spectacle final, le masque pour le mariage de Rosalinde et la procession charivaresque de Jaques, les deux étant réunis en une sorte de discordia concors. Dans cette harmonie de contrastes, l’utopie comme la satire rejettent la possibilité d’un comportement idéal dans l’ici et maintenant. Le traité de Gascoigne, de la même façon, repousse à la marge ses sentiments anti-cynégétiques en les présentant sous forme d’exercices versifiés, liminaires et cosmétiques, soit plutôt rhétoriques que réels. Reléguant la sympathie inter-espèces au domaine de l’inaccessible et du prélapsaire, Gascoigne et Shakespeare tranchent dans le sens d’une vision du monde d’après la chute qui serait éthiquement et écologiquement irréparable. Peut-être ne faut-il pas voir comme une coïncidence le fait que ce monde préfigure l’environnement qui caractérise des pièces plus tardives telles que Le Roi Lear ou Macbeth.

This paper revisits the relationship between George Gascoigne’s Noble Arte of Venerie (1575) and Shakespeare’s As You Like It (1598). In the process it argues against the currently popular tendency to read these works as augurs of the modern animal-rights sensibility, preferring to understand them instead as expressions of an older and less accommodating sense of inter-species relations. This older view, consistent with the doctrine of original sin, understands fallen humanity as given by nature to predation and strife, constitutionally unsuited to the practice of peace. Thus Duke Senior’s anti-hunting sentiments in As You Like It invoke an ideal of paradisal harmony like that staged in the courtly entertainments composed by Gascoigne and others for Queen Elizabeth—these being, it has been argued, a major source for the language of Shakespeare’s play. By contrast, Jaques assimilates the same anti-hunting sentiments to the register of satire, marking in the process their distance from reality. Within As You Like It, these responses to the real—the utopian and the satirical, the idealizing and the accusatory—find expression in twin concluding spectacles: Rosalind’s wedding-masque and Jaques’ charivari-procession, the two uniting in a kind of discordia concors. In their contrasting harmony, utopia and satire alike reject the possibility of ideal behavior in the here and now; likewise, Gascoigne’s Noble Arte marginalizes its anti-hunting sentiments by casting them in the form of verse exercises, liminal and cosmetic, rhetorical rather than actual. By together placing inter-species sympathy in the realm of the unattainable and prelapsarian, Gascoigne and Shakespeare commit themselves to a vision of the fallen world as both ethically and ecologically unredeemable. Perhaps not by coincidence, this world anticipates the environment in which later Shakespearean plays like King Lear and Macbeth unfold.

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