1 juillet 2022
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Ellen B. Anthony, « “Like a Rouged Corpse? Recycled, Revised, and Reused:The Selling of the Female Body on the Shakespearean Stage” », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.6843
Les adaptations de Shakespeare ont suscité historiquement l’horreur et le mépris chez les historiens du théâtre. George C. D. Odell, auteur de Shakespeare, de Betterton à Irving, a décrit les adaptations de la Restauration et du XVIIIe siècle comme des « cadavres maquillés ». Hazelton Spencer, dans Shakespeare Amélioré, a soutenu que, depuis l’accession des femmes au droit de se produire sur la scène professionnelle, l’œuvre de Shakespeare se faisait recycler, réviser, réutiliser, au point de mettre en danger sa réputation. Quelle déception ce serait pour Spencer s’il savait que les adaptations de Shakespeare – et l’attribution de premiers rôles masculins à des femmes – sont très répandues de nos jours. Parmi les exemples contemporains, on citera Helen Mirren qui a joué le rôle de Prospero dans le film La Tempête (2010) et Glenda Jackson qui a créé la controverse en jouant sur Broadway le roi Lear (2019). La tendance à donner les rôles masculins à des femmes dans les grandes tragédies shakespeariennes peut sembler naître du climat politique actuel, une sorte d’expression culturelle du mouvement #MeToo. Pourtant, la pièce Bernhardt/Hamlet de Teresa Rebeck (2018) nous rappelle avec éloquence que c’est bien une pratique qui date. Le présent article explore la manière dont l’influence des actrices, et surtout les vedettes qui ont choisi des rôles définis comme masculins par la tradition, impacte notre réception et notre expérience de Shakespeare et du genre sur la scène et à l’écran du XXIe siècle. Comment la culture des célébrités, les mouvements politiques, et nos visions contemporaines du genre influencent-ils la rencontre du public avec le dramaturge le plus notoire de la Renaissance : William Shakespeare?