1 juillet 2022
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2271-6424
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Hélène Garello, « La pensée en scène : Shakespeare ou le philosophe », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.7207
Que signifie lire Shakespeare en philosophe ? Analyser le contenu philosophique supposément atemporel de cette œuvre présente le risque de se prêter à une reformulation qui suggère que le théâtre shakespearien n’est pas philosophique immédiatement, tel quel. À l’inverse, chercher des éléments pour comprendre la remise en cause du système de vérité de l’époque peut conduire à ne trouver que les effets d’un esprit d’époque dont Shakespeare serait le témoin historique sans être l’initiateur. Nous soutiendrons que ces deux démarches aboutissent paradoxalement à désamorcer la charge philosophique du texte. Nous défendrons au contraire l’idée que lire Shakespeare en philosophe, ce n’est pas le lire comme s’il était un philosophe mais bien comme dramaturge. C’est par sa forme théâtrale que le texte shakespearien relève le défi qui se pose alors à la raison philosophique, et participe à une nouvelle voie d’accès à la compréhension du monde. Se trouve ainsi mise en scène l’opposition, mais aussi l’articulation, entre deux façons de comprendre le discours rationnel et réflexif. On cherchera ainsi à comprendre comment le texte shakespearien entre en dialogue avec la philosophie, et comment ce dialogue peut être un lieu de développement d’une expression théâtrale de la rationalité.