9 février 2024
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Chantal Schütz, « Fluidité de genre et travestissement créatif dans les City Comedies de Thomas Middleton », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.7830
Il est impossible de parler de genre chez Thomas Middleton sans penser à la protagoniste de The Roaring Girl (L’Enragée), co-écrite avec Thomas Dekker et publiée en 1611. On pourrait dire de ce personnage à la fois mythique et historique qu’il représente l’épitomé de la fluidité entre genres, c’est-à-dire le fait pour une personne de voir son genre varier au cours du temps. Mais d’autres personnages middletoniens défient également les attendus afférents à chaque sexe, tels qu’ils sont répétés ou sous-entendus dans les dialogues et situations de la première modernité anglaise, et pratiquent la fluidité par le biais du travestissement, comme Mistress Low-water dans No Wit, No Help Like a Woman’s ou Dick Follywit dans A Mad World, my Masters. Deux effets sont opérés par les substitutions d’identités de ces deux personnages : d’une part, la subversion d’un système qui cherche à contrôler par tous les moyens les corps féminins en les enfermant, à l’aide du vêtement, dans les rôles conventionnels de vierge à marier, de mère, ou de prostituée ; d’autre part, la distance prise par rapport au discours moralisateur sur les dangers de l’effémination par la mise en valeur de l’érotisme associé à l’androgynie.