18 janvier 2022
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Nicolas Thibault, « Lisibilité de l’histoire et (in)visibilité des corps violentés dans Sir Thomas More », Sillages critiques, ID : 10.4000/sillagescritiques.11820
Cet article analyse la représentation dans la pièce historique Sir Thomas More de trois formes de violence qui structurent la société Tudor : la guerre, l’exécution publique et la révolte. Si les deux premières sont théorisées comme légitimes et la dernière comme criminelle, la pièce s’attache cependant à brouiller cette ligne de partage défendue par l’orthodoxie royale. Le récit de l’histoire officielle montre, voire spectacularise, certaines violences tout en en faisant disparaître d’autres. Cette mise en forme, qui passe par une régulation du discours, se fait par ailleurs souvent au détriment de la visibilité des corps sur lesquelles ces violences s’exercent. Or, la pièce propose un retour à la surface de ces corps, à qui elle offre une place et même une voix, tandis que le roi, lui, reste à l’arrière-plan. J’émets ainsi l’hypothèse que, en décentrant la perspective et en replaçant la souffrance au cœur de la mise en scène de l’histoire, Sir Thomas More interroge l’univocité du récit historique et fait par conséquent naître chez le spectateur un doute sur la légitimité de la violence d’État.