20 décembre 2022
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Claire Wrobel, « Dystopia, surveillance and the spaces of social control in Jenni Fagan’s The Panopticon (2012) », Sillages critiques, ID : 10.4000/sillagescritiques.13152
Bien que The Panopticon (2012), de Jenni Fagan, ne se présente pas comme une dystopie classique décrivant dans le détail un état futur possible et indésirable de la société, le roman en partage certains traits, notamment en mettant en scène une protagoniste aux prises avec un système contre lequel elle entre en rébellion. L’espace dystopique par excellence semble être celui délimité par les murs du Panoptique, ici une institution pour jeunes délinquants, auquel fait pendant une île utopique, lieu d’excursion qui devient symbole d’harmonie et de liberté. Cependant, l’espace panoptique, contrairement à ce qui est affirmé dans le texte, n’est pas celui de la surveillance omniprésente et omnisciente dont le Panoptique et Big Brother sont devenus les emblèmes. À l’espace censément uniforme et quadrillé du Panoptique s’opposent un espace littéral riche en recoins et cachettes et un espace littéraire révélant une épaisseur intertextuelle mobilisant entre autres un certain nombre de motifs gothiques. Bien que le texte se réapproprie explicitement le Panoptique de Jeremy Bentham (1748-1832), invention elle-même traversée par la tension entre utopie et dystopie, et fasse écho à la lecture stratégique qu’en fait Michel Foucault dans Surveiller et punir (1975), sa critique virulente de l’État-providence retrouve certaines des problématiques centrales de l’attaque menée par George Orwell contre les États totalitaires, en particulier celles liées à la mémoire et au langage. L’adoption d’une narratrice à la première personne permet à Fagan de dénoncer une surveillance qui n’est faite que de contrôle et de s’opposer à un discours institutionnel déshumanisant.