10 décembre 2023
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Péter Bokody, « Framing the Golgotha in Renaissance Painting », Sillages critiques, ID : 10.4000/sillagescritiques.14888
L’interaction entre cadres et espaces constitue un défi auquel se confronte la peinture des débuts de la première modernité. Le récit conventionnel de cette période insiste sur l’émergence d’un espace tridimensionnel. Au départ, les peintres souhaitaient générer une profondeur homogène indispensable à la production d’une expérience immersive cohérente. Cependant, ils explorèrent aussi l’hybridation des registres de perspective. Dans ce contexte, on ne saurait surestimer l’importance des cadres. Ceux-ci peuvent soit séparer les espaces incompatibles au sein de l’œuvre, soit, grâce à leur dimension fictive, permettre d’introduire l’élément hétérogène lui-même. Dans cette étude, j’examine des œuvres qui complexifient encore ce rapport dynamique entre cadre et espace. Je me pencherai d’abord sur un exemple dans lequel le cadre ne régule pas l’insertion d’un registre indépendant : les Ambassadeurs de Hans Holbein le Jeune. Afin de contextualiser le caractère radical de cette solution, j’examinerai une série d’œuvres de Pietro Lorenzetti, Fra Angelico, Benozzo Gozzoli, Neri di Bicci, Sandro Botticelli et Fra Bartolommeo dans lesquelles des images votives enchâssées sont placées sur le cadre de l’œuvre, ou autour de lui. Il ne s’agit pas que d’objets : elles suggèrent l’existence d’un espace virtuel indépendant qui entre en conflit avec le cadre et la perspective principale du tableau. Elles explorent toutes le même motif, celui d’un petit panneau de dévotion privée représentant le Golgotha, superposé sur une œuvre plus grande. Le crâne déformé et le crucifix du tableau de Holbein s’insèrent dans cette iconographie et en proposent une relecture personnelle.