Retour à la page blanche après le choc du 11 Septembre

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19 juin 2020

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Yves Davo, « Retour à la page blanche après le choc du 11 Septembre », Sillages critiques, ID : 10.4000/sillagescritiques.9784


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Au lendemain des attaques sur le World Trade Center le 11 septembre 2001, un grand nombre d’illustrateurs et dessinateurs de bandes dessinées étasuniens ont rassemblé leurs œuvres réalisées autour de l’événement dans un recueil intitulé 9-11 : Emergency Relief. Parmi ces nombreuses contributions, celle, très concise, de Jessica Abel surprend par la force de ses « non-images » : en effet, tandis que les autres auteurs s’échinent à donner corps aux attaques, elle choisit de faire disparaître purement et simplement les douze cases de ses deux planches : le regard de l’auteur fait coïncider le fond avec la forme en faisant surgir l’indicible du choc à la surface du dessin. La déchirure dans le récit se révèle ainsi par un fondu au blanc, progressif mais inexorable, et à l’effacement des images correspond l’effacement des dialogues, de tout bruit : c’est le silence blanc de la page, qui semble ici reprendre son aspect originel. Nous proposons ainsi, à partir du travail de Jessica Abel, de réfléchir à cette esthétique du vide et à son lien ambivalent avec l’acte de création. En ne représentant pas, en effaçant le cadre même de sa bande dessinée, l’auteur pose ici la question de la place du récit, d’une éthique de la représentation de l’événement après une telle tentative d’effacement terroriste, question à laquelle il conviendra d’esquisser une réponse en dernière analyse.

In the days that followed the attacks on the World Trade Center on September 11, 2001, a certain number of US cartoonists published their works about the event in a collection untitled 9-11: Emergency Relief. Among these contributions, Jessica Abel’s very short one puzzles the reader in the first place with its powerful “non-picturing”: indeed, whereas the other authors of the collection do their best to picture the attacks in their drawings, she chooses to make the twelve frames of her two plates literally disappear from the page. The author’s view mingles the form with the substance as the unsayable shock emerges at the surface of her comics. The rip within the narrative appears through a gradual yet relentless white shading, and along with this shading goes the obliterating of voices and noises: the page is ultimately returning to pristine white again. Using Abel’s comics, our aim is thus to think over this aesthetics of the void and analyze its particular link with the act of creation. By refusing to represent the event, by erasing the frames themselves, the author questions the role of narration after such a terrorist attempt of erasure, an ethical position which eventually needs to be discussed.

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