26 novembre 2020
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Sylvie Ayimpam et al., « Une gouvernance informelle dans la prison de Makala à Kinshasa », Socio, ID : 10.4000/socio.10591
La prison de Makala dans la ville de Kinshasa au Congo est confrontée depuis plus de trente ans à une contraction de ses ressources et à une quasi-inexistence des subsides provenant de l’État. La faible présence des agents et des ressources étatiques est compensée par une organisation informelle – localement appelée « système des gouverneurs » et constituée autour d’un chef des prisonniers appelé « gouverneur général » – qui organise et régule la vie quotidienne des détenus. Il existe ainsi une « double gouvernance » à Makala : l’une officielle et l’autre informelle. Cet article analyse les modalités de la gouvernance informelle en la considérant comme celle qui permet de gérer réellement la prison au quotidien. Il examine ses caractéristiques ainsi que la relation inédite qu’elle entretient avec la gouvernance officielle. Il montre ainsi que ce système de gouverneurs, structuré par des normes informelles souvent implicites, parfois explicites, est le produit relativement stable d’un « arrangement » entre les autorités officielles de la prison et les prisonniers-gestionnaires. Il met en lumière la structure hiérarchique et autoritaire de l’organisation informelle et la régulation de l’économie de rente mise en place pour financer le fonctionnement de la prison au quotidien. La relation singulière entre ces deux gouvernances permet à la prison de Makala de demeurer un pénitencier appartenant à l’État, mais dont les ressources financières et matérielles proviennent de ressources privées extérieures. Ce mode de financement et de gestion de la prison apparaît comme une sorte de partenariat public-privé informel, une forme inédite et très originale de « gouvernance hybride ».