Les féminismes, le voile et la laïcité à la française

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9 octobre 2018

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Depuis 1989 et la première « affaire du voile » et davantage encore depuis 2003 et les débats sur la loi sur les signes religieux à l’école, le voile islamique (hijab) occupe une grande place dans l’espace politique médiatique : véritable condensé de significations politiques et facilitateur de controverses (Göle, 2015), il révèle les tensions internes aux féminismes qui sont réticents ou opposés à l’intégration dans leurs discours et pratiques d’une réflexion sur le rapport étroit entre l’histoire coloniale, d’une part, et les luttes et définitions du féminisme, d’autre part. Le voile a de fait été construit comme une anomalie au sein de la République, un signe religieux qui heurterait plus généralement le sens commun de l’égalité des sexes et de la laïcité comme valeur constitutive de l’Occident. Cet article porte non pas sur la signification du voile – fût-elle polysémique (Mahmood, 2009 ; Bouyahia et Sana, 2013) – mais sur ce que le voile révèle depuis 1989 au sein de l’espace politique français et notamment du féminisme (Dot-Pouillard, 2007) : dans le premier cas, les tensions révélées se sont aiguisées au fur et à mesure de l’affirmation d’un féminisme dit décolonial porté par des femmes issues de minorités ethniques et culturelles (femmes que l’on dit « racisées ») et qui postule un modèle décentré de libération des femmes ; dans le second cas, se fait jour l’opportunisme politique lié à la politisation du hijab, dont la constitution en objet phobogène prend l’apparence d’un nouveau « ciment social » (Antonio Gramsci, cité dans Hall, 2008) pour des classes populaires fragmentées et fragilisées par l’épuisement des modèles de souveraineté nationale et de protectionnisme social et économique.

The Islamic veil (hijab) has been prominent in the media and political discussion in France since 1989 and the first “veil affair”; this has intensified since 2003 and the law on wearing religious signs at school. As such it is a condensed version of political significations and reveals those tensions internal to feminism which are reticent to, or opposed to, the inclusion in their discourse and practice of any consideration relating to the close link between colonial history on one hand, and the struggles and definitions of feminism on the other. The veil has de facto been constructed as an anomaly within the Republic, a religious sign which more generally speaking comes up against the common sense of equality of the sexes and secularism as constitutive values of the West. This article does not dwell on the meaning of the veil—polysemous as it may well be (Mahmood, 2009; Bouyahia and Samia, 2013)—but on the aspects of public space, and in particular of feminism (Dot-Pouillard, 2007), revealed by the veil since 1989. In the first case the tensions revealed have heightened with the rise in the assertions of a feminism, described as “decolonial”, expressed by women from the ethnic and cultural minorities (women referred to as “racialised”) and who demand an off-centre model for liberation of women. In the second case, we witness the political opportunism revealed by the politicisation of the hijab and its constitution as an object conducive to the generation of phobias which acts as a new “social cement” (Antonio Gramsci quoted in Hall, 2008) for the working classes fragmented and weakened by the ending of models of national sovereignty and social and economic protectionism.

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