17 avril 2014
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Le Bot Yvon, « De la révolution à la mondialisation », Socio, ID : 10.4000/socio.370
De grandes mobilisations récentes (2011, avant et après) à travers le monde illustrent de manière éclatante un changement profond dans les formes et les contenus des actions collectives : le passage d’acteurs « classiques » (États, nations, partis, syndicats, luttes armées et autres mouvements dirigés et encadrés par des hommes) à des acteurs plus horizontaux et moins structurés, qui recourent massivement aux réseaux sociaux, qui combinent l’occupation de territoires et de lieux symboliques avec la création d’espaces virtuels et globaux, dans lesquels les femmes jouent un rôle essentiel et qui font une large place à l’éthique. Les analyses proposées de l’Amérique latine – notamment celles des nouveaux régimes nationaux-populaires parfois qualifiés de « révolutions du XXIe siècle » – l’enferment souvent encore dans la première de ces figures. Pourtant, durant les dernières décennies, la région a vu refluer les luttes armées et les ruptures révolutionnaires, les dictatures et les États autoritaires, en même temps qu’elle se projetait dans des flux globalisés. L’Amérique latine a souvent été pionnière dans l’émergence des mouvements en réseaux de l’ère de l’information et de la communication : le zapatisme et les autres mouvements indiens, Porto Alegre et le mouvement alterglobal, les mobilisations massives de migrants latinos aux États-Unis (2006). Les récentes manifestations au Brésil, qui font écho à celles qui ont eu lieu en Turquie, en Espagne, aux États-Unis et ailleurs, confirment ce changement de paradigme en Amérique latine.