28 mai 2021
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Jeannette Pols, « Laver le citoyen », SociologieS, ID : 10.4000/sociologies.4890
Traduction de l’anglais par Nathalie Zaccaï-Reyners de l’article paru en 2006 « Washing the citizen: washing, cleanliness and citizenship in mental health care », Culture, Medicine and Psychiatry, n° 30, pp. 77-104, avec l’autorisation des éditions SpringerLa participation à la communauté et l’accès à la citoyenneté pour les patients sont des idéaux répandus qui inspirent des améliorations dans le secteur de la santé mentale. Mais on peut se demander ce que l’on entend par « citoyenneté ». Cet article présente une analyse des pratiques de la toilette en soin psychiatrique dans des institutions de longs séjours en santé mentale. Quatre répertoires de toilettes font l’objet d’une description, chacun d’eux étant orienté par une notion spécifique de « citoyenneté ». Selon un premier répertoire, la toilette fait partie de la sphère privée de l’individu : le patient est « traité » comme un individu dont l’authenticité doit être respectée en vue de l’équiper pour qu’il participe à la communauté. Dans un second répertoire, la toilette est considérée comme une aptitude de base : le patient doit apprendre à prendre soin de son corps pour être en mesure de devenir un citoyen indépendant. Un troisième répertoire situe la toilette comme une pré-condition de la citoyenneté : il convient d’aider les patients à développer leurs potentiels pour qu’ils soient en mesure de trouver leurs chemins dans la communauté. Selon un quatrième répertoire, la toilette représente une opportunité parmi d’autres pour développer des relations sociales : l’étendue et la qualité de ces relations définit un citoyen. À travers cette analyse, la question n’est donc pas celle de savoir si nous devons promouvoir la citoyenneté, mais bien celle de savoir quel type de citoyenneté nous souhaitons soutenir.