Les héros de l’authenticité. Histoires du salut chez Karl May et Heidegger

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10 juillet 2015

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Stéphane Boutin, « Les héros de l’authenticité. Histoires du salut chez Karl May et Heidegger », Strenae, ID : 10.4000/strenae.1456


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L’article examine certains parallèles entre les histoires d’aventures de Karl May (1842-1912) et les narrations philosophiques de Martin Heidegger (1889-1976). Dans quelques-uns de leurs points nodaux, les textes de May et de Heidegger fonctionnent comme une sorte de réduit théologique : ils accordent secrètement l’hospitalité au contrat moral du christianisme sous la forme d’une narration apparemment séculaire. Le contrat moral est en principe chez May le même que chez Heidegger : qui agit bien – c’est-à-dire en fonction d’une humanité noble (Edelmenschlichkeit chez May) ou de l’authenticité (Eigentlichkeit chez Heidegger) – est récompensé, qui agit mal est puni. May comme Heidegger utilise la clé comme image de cette récompense. Heidegger opère avec les concepts d’ouverture (Erschlossenheit) et de résolution (Entschlossenheit) : pour l’existence authentique, la situation est non seulement d’une manière ou d’une autre ouverte (erschlossen), mais elle est véritablement dévoilée ou résolue (entschlossen). L’être lui-même est révélé, le voile phénoménal se lève et le monde apparaît comme il est. À propos de May, l’autonomie d’un noble homme (Edelmensch) se constitue dans la pénétration intellectuelle de la situation : l’humanité noble est symbolisée par une clé qui ouvre l’immédiat agir-dans-le-monde. Il s’agit de l’espoir en l’autonomie d’un sujet authentique qui toutefois, aussi bien chez May que chez Heidegger, se transforme en une affirmation de stricte obéissance. Le héros qui veut devenir maître de lui-même devient finalement encore plus esclave des autres.

This article examines parallels between the adventure stories of Karl May (1842-1912) and the philosophical narratives of Martin Heidegger (1889-1976). On one intersecting point, May's and Heidegger's texts function as a kind of theological reduction: they secretly welcome the moral contract of Christianity in the form of a seemingly secular narrative. The moral contract is in principle the same in May as in Heidegger: whoever behaves well—that is, according to a noble humanity (Edelmenschlichkeit in May) or authenticity (Eigentlichkeit in Heidegger)—is rewarded, while whoever acts badly is punished. Both May and Heidegger use the image of the key to represent reward. Heidegger operates with the concepts of openness (Erschlossenheit) and resolution (Entschlossenheit): for authentic existence, the situation is not only somehow open (erschlossen), but it is truly revealed or resolved (entschlossen). The self is revealed, the phenomenal veil is lifted, and the world appears as it is. With May, the autonomy of a noble man (Edelmensch) is established through intellectual penetration of the situation: noble humanity is symbolized by a key that opens the immediate world-action. It is hope within an authentic subject’ autonomy, which, however, turns into an affirmation of strict obedience, in May as well as in Heidegger. The hero who hopes to become master of himself finally becomes even more a slave to others.

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