29 mars 2019
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Chabrol Gagne Nelly, « Le montage dans les albums : une esthétique engagée », Strenae, ID : 10.4000/strenae.1826
Quatre albums seront analysés : Martine petite maman, de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier (Casterman, 1968), Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, de Christian Bruel, Anne Bozellec et Anne Galland (Le Sourire qui mord, 1976), Salut poupée, de Adela Turin et Margherita Saccaro (Les éditions des femmes, 1978) et Mes années 70, de Claudine Desmarteau (Panama, 2008). Si j’ai rassemblé Martine, Julie, Marie et Claudine, les protagonistes de ces livres, c’est parce que ces quatre petites filles ont toutes grandi à la même époque et qu’elles ont partagé (ou pas) des façons d’être et d’agir qui avaient un lien (ou pas) avec le contexte idéologique des années 60 et 70, une période d’importants bouleversements sociaux. En analysant des images choisies et des séquences significatives de chacun de ces albums, je chercherai à comprendre comment les artistes, commandités par les maisons d’édition, ont défié (ou pas) les conventions du monde relativement guindé et conservateur de l’album pour enfants, en particulier dans leur représentation des petites filles. Mes observations, sans chercher à être exhaustives, se concentreront sur le processus éditorial dans le sens cinématographique du terme, c’est-à-dire sur le rythme généré par le fait de tourner les pages. D’où un examen des scènes répétitives qui modèlent la journée des petites filles modèle obéissantes ou des rythmes plus énergiques animant les fillettes plus rebelles, utilisés par les auteurs pour fournir à leurs lecteurs un aperçu des vies très différentes de leurs héroïnes. Bien sûr, de tels choix esthétiques ne sont en aucun cas le fruit du hasard, et c’est ce sur quoi je me concentrerai dans cet article.