24 janvier 2022
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François Wisard, « De Rechtvaardigen onder de naties in een pedagogische context », Témoigner. Entre histoire et mémoire, ID : 10.4000/temoigner.7192
Alors que les Justes parmi les Nations occupent une place grandissante dans le travail de mémoire, l’article examine les chances et surtout les risques liés à l’utilisation de la figure de Justes dans un contexte pédagogique, à partir de l’exemple suisse. Les Justes n’englobent pas l’ensemble des acteurs liés au sauvetage durant la Shoah, parmi lesquels on compte également des Juifs et une foule d’anonymes restés dans l’ombre. Les élèves peuvent ainsi avoir une interprétation réductrice du sauvetage. Néanmoins, l’acte de courage altruiste dont le Juste est le symbole invite les élèves à réfléchir sur des choix individuels possibles. L’article montre ensuite que la notion de Justes suisses – comme celle de Justes d’autres pays – n’a rien d’évident et qu’on ne peut pas établir de liste complète et indiscutable par pays. Enfin, l’auteur s’interroge sur les figures exemplaires, de Raoul Wallenberg à Oscar Schindler, en passant par les Suisses Paul Grüninger et Carl Lutz. Ces deux derniers, des fonctionnaires ayant agi en Suisse et en Hongrie, ne sont en rien représentatifs de la septantaine de Justes qui possédaient la nationalité suisse durant la Shoah : les deux tiers d’entre eux ont agi en France, et la moitié de ces Justes étaient des femmes. Se focaliser sur les grandes figures comporte le danger de présenter des idéaux inatteignables, mais aussi que l’élève considère que toute action altruiste doit être médiatisée pour être reconnue. L’article montre enfin que l’écriture de l’histoire et le travail de mémoire requièrent toujours des mises en contexte et des proportions – à défaut de chiffres précis.