Maîtriser le temps ?

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25 juin 2014

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Benoit Bastard et al., « Maîtriser le temps ? », Temporalités, ID : 10.4000/temporalites.2795


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Cet article aborde la question du temps dans l’institution judiciaire en prenant pour objet le contentieux familial. En considérant la dimension temporelle du règlement des conflits qui émergent lors des ruptures d’union, il met en évidence le changement radical de la vision du temps qui a touché le monde de la justice civile dans les dernières décennies. Le mouvement d’accélération qui touche l’ensemble de l’institution judiciaire se trouve redoublé dans ce champ par l’urgence qu’impose la réaction face à un contentieux de masse : il s’agit de répondre sans délais aux conflits familiaux, selon des modalités adaptées aux besoins des intéressés. L’étude s’appuie sur une enquête réalisée dans cinq juridictions, en France et en Belgique. Dans ces deux pays, les dernières réformes intervenues ont eu pour projet de hâter les procédures de divorce. Dans la pratique, différentes modalités de l’accélération du traitement judiciaire sont observées. En France, le juge aux affaires familiales est un acteur central qui traite l’ensemble des ruptures de couple soumises à la justice. Les JAF font tout pour accélérer les décisions, en s’appuyant autant que faire se peut sur l’accord des parties et en cherchant à contrôler les avocats. En Belgique, l’accélération est particulièrement apparente s’agissant du procès en divorce, mais les décisions sur les effets accessoires de la séparation sont renvoyées à différentes instances ayant leur propre temporalité. Par-delà ces différences, la comparaison suggère que l’accélération du traitement du contentieux de la famille résulte de la coprésence des deux tendances majeures observées, la managérialisation de la justice et le renvoi des décisions relatives à la famille vers les intéressés eux-mêmes. L’accélération du traitement judiciaire du divorce n’est cependant pas sans conséquence : en particulier, elle rend plus apparente la disjonction du temps du procès et de celui que vivent les conjoints en rupture.

This article broaches the question of time in the Judiciary by studying family litigations. Taking the time dimension into account when settling the conflicts that emerge during a divorce, it points to the radical change that has intervened in the vision of time over the past decades, affecting the world of civil justice. The acceleration of the judiciary institution as a whole has increased two-fold in this domain due to the urgency created by massive litigation: family conflicts must be dealt with rapidly in ways adapted to the interested parties’ needs. The study is based on a survey carried out in five jurisdictions in France and Belgium. In both countries, the most recent reforms have aimed at speeding up divorce procedures. In actual practice, one notes various ways of doing so. In France, as the central actor who deals with all the sorts of separation that concern the courts, the family judge does all he/she can to speed up a decision, by leaning as much as possible on mutual consent and trying to control the lawyers. In Belgium, the acceleration is particularly visible in divorce cases but decisions concerning the side effects of the separation are sent on to various instances which all observe their own temporality. Beyond these differences, the comparison suggests that accelerating the treatment of family conflicts is the result of two major trends: the managerialization of Justice and sending decisions relative to the family back to the interested parties themselves. Accelerating the legal treatment of divorce is however not devoid of consequences: in particular, it radically underscores the difference between the time a trial takes and the time the estranged couples must live through.

Este artículo aborda la cuestión del tiempo en el seno de la institución judicial, tomando como objeto el contencioso familiar. La dimensión temporal es considerada a la luz de la resolución de conflictos que emergen durante las rupturas de uniones ; así, el texto pone en evidencia el cambio radical de visión del tiempo que afecta el mundo de la justicia civil desde algunas décadas. El movimiento de aceleración que conoce el conjunto de la institución judicial se redobla, en este campo, por la urgencia que se impone frente a un contencioso de masas : se trata de responder sin dilaciones a los conflictos familiares, según modalidades adaptadas a las necesidades de los interesados. El estudio se apoya en una investigación realizada en cinco jurisdicciones, en Francia y Bélgica, países en los que las últimas reformas tuvieron por objetivo apurar los procedimientos de divorcio. En la práctica, se observaron diferentes modalidades de aceleración. En Francia, el juez de asuntos familiares (JAF) es un actor central que trata el conjunto de las rupturas de la pareja sometidas a la justicia. Los JAF siempre tratan de acelerar las decisiones, apoyándose, si posible, en el acuerdo de las partes y buscando controlar a los abogados. En Bélgica la aceleración es particularmente manifiesta en lo que concierne los procesos de divorcio, pero las decisiones sobre los efectos derivados de la separación son reenviadas a varias instancias, cada temporalidades propias. Más allá de estas diferencias, la comparación sugiere que la aceleración del tratamiento de contenciosos de familia resulta de la copresencia de dos tendencias mayores : la gestionarización de la justicia y el reporte de las decisiones relativas a la familia hacia los mismos interesados. La aceleración del tratamiento judicial de los divorcios no está exenta de consecuencias, puesto que vuelve más evidente la disyunción de los tiempos del proceso, por un lado, y de los que viven los cónyuges en ruptura, por otro.

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